Pour trouver un propos amusant, il faut être capable de comprendre ce qui est dit au second degré, ce que le jeune enfant est incapable de faire.
Ce que nous trouvons drôle dans les propos d’un enfant, c’est la formulation qui est en fait un manque de compréhension d’un événement ou d’une situation. L’enfant ne veut en aucun cas nous faire rire. Il a tout simplement besoin qu’on lui donne l’information qui lui manque. Quelques mots d’enfants
Léa, toute excitée : «Ah ! Bien, on va y aller en auto !» Loin dans l’espace ou dans le temps ? Vu que la compréhension de l’espace s’acquiert plus rapidement que la notion de temps, il est normal que Léa ait fait cette erreur.
Rire ou ne pas rire ? Il est certain qu’il est parfois difficile de ne pas rire de ce que notre enfant dit. Mais, puisque le jeune enfant ne fait pas de blagues, il pourrait facilement se sentir incompris sinon ridiculisé de vous entendre rire. Il pourrait considérer que vous vous moquez de lui, sans en comprendre le motif. Encore plus si vous racontez ses propos à d’autres. Quoi faire ?
Préserver son estime de soi et sa capacité à communiquer En agissant de cette façon, vous venez d’augmenter les connaissances de votre enfant, sa capacité de communiquer efficacement tout en préservant son estime de soi et sa confiance en vous. De plus, en expliquant en quoi sa formulation était drôle, vous développerez chez lui une meilleure compréhension de la blague. Alors, amusez-vous! Pas à ses dépens, mais avec lui ! Mise en situation :
«Henri s’amuse à faire rouler son camion rouge sur le plancher. Léo arrive et s’empare du camion. Henri se met à pleurer à chaudes larmes. Vous arrêtez Léo, le semoncez et remettez le camion à Henri.» Que viennent d’apprendre ces deux enfants ? Ils viennent tous les deux d’apprendre qu’Henri est une «victime» et qu’il a besoin de quelqu’un de plus grand ou plus fort pour le défendre; et, que sans cette personne, Léo a beaucoup de pouvoir. Donc, la confiance en soi d’Henri vient de diminuer, tandis que celle de Léo vient d’augmenter. Les comportements peuvent varier (mordre, pousser, frapper, détruire la construction, déranger…) cependant, le résultat demeure le même. Oui, mais comment faire autrement ? Ils sont si petits !, dites-vous. Ne les sous-estimez pas, il est possible, même chez les tout-petits qui ont peu de langage, de développer des attitudes de confiance en soi et de leur apprendre des comportements de respect et de bonté. Les jeunes enfants sont en apprentissage de comportements sociaux acceptables : l’un doit apprendre à s’affirmer et l’autre à respecter son vis-à-vis. Et si on inversait notre intervention ? On a l’habitude d’intervenir auprès de l’enfant qui a un comportement dérangeant, afin de protéger l’autre. Et si nous faisions le contraire. Si nous intervenions auprès de la victime afin de lui donner les outils lui permettant de se défendre elle-même. Je ne parle pas de cours de karaté ou autre. Je parle de confiance en soi et de capacité à s’affirmer positivement par la parole et l’attitude. Vous me direz qu’un enfant de 18 mois n’a pas encore suffisamment de langage pour ce faire. Eh! Bien oui ! À cet âge, il a un mot magique qui, accompagné d’une attitude confiante fera toute la différence. Il s’agit du «NON». Ce petit mot de trois lettres qu’il vous répète à cœur de jour pourrait devenir un moyen efficace pour lui de s’affirmer devant celui ou celle qui prend pouvoir sur lui. Comment faire ? Faites un jeu avec lui.
Il se peut cependant pour les premières fois, puisqu’il est inexpérimenté, que sa réaction soit excessive et parfois inappropriée. Par exemple, l’enfant pourrait dire «NON», puis pousser l’autre et le faire tomber. Ne le punissez surtout pas, sinon vous reviendriez à votre point de départ. Expliquez-lui que c’est bien de dire «NON» mais qu’il ne faut pas pousser. Dans certains cas, vous aurez besoin d’intervenir. Il s’agira d’enfants plus vieux qui intimident les plus jeunes, ou d’enfants qui ont développés des comportements très antisociaux. Des outils pour la vie L’enfant plus timide a besoin d’être encouragé à s’affirmer. En lui donnant des outils vous permettez une affirmation de soi positive. Apprendre à un enfant à se défendre lui-même, c’est lui donner les outils pour passer à travers les difficultés de la vie sans se sentir éternellement victime. Vous ne serez pas toujours là pour le défendre et régler ses problèmes. Il est bon qu’il commence dès sa tendre enfance, au moment où la confiance en soi est à son meilleur. Aussitôt sorti du ventre de sa maman, le nouveau-né se met à crier. Ce qui signifie, dans son langage : « Je ne suis pas bien ! Faites quelque chose ! » Et, immédiatement, on le couvre, on le réchauffe, on le glisse dans les bras de maman qui lui parle doucement… Il vient de communiquer pour la première fois et cette communication a été un succès. On lui a répondu adéquatement et il en sera probablement ainsi les prochaines fois. |
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Lucie Brault SimardSpécialiste en petite enfance. Archives
Janvier 2017
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